Il est 17h, heure locale (Pérou). Nous sommes redescendus de la montagne. Une question revient toujours: mais que s'est il passé la haut sur le mont Vallunaraju ? Et oui l'échec est difficile a assumer... Revenons sur une expédition qui avait somme toute bien commencé.
Le 5 janvier 2008, on réalise une petite marche d'acclimatation jusqu'au lac Churup, a 4450m d'altitude. La marche se passe bien. On sent les effets de l'altitude: manque d'oxygène et fatigue, mais on n'en souffre pas trop. Par contre de retour dans la ville de Huaraz, on est cloué par un mal de crane, un peu comme si on n'avait pas enlevé notre casquette... Pour lutter contre le mal d'altitude, on peut prendre des feuilles de coca ou bien acheter des comprimés a la pharmacie. On ne trouve aucun vendeur de coca et nous nous rabattons donc sur les comprimés, espérant que l'effet sera suffisant...
Le 6 janvier, c'est le départ pour le camp de base. Tout d'abord en voiture, jusqu'à 4600m. C'est le "camp de base". En gros c'est juste un refuge et le début du sentier pour le camp "Campo Morrena". On prend donc le sentier. C'est environ deux heures de marche pour arriver au campement a 4950m. Deux heures de marche parce qu'il nous faut porter une bonne trentaine de kilos, avec la tente, les duvets, les crampons, les bottes pour la glace, etc. La marche est épuisante. Il y a bien sur le poids du sac, mais aussi l'altitude : on est au niveau du Mont Blanc! Il y a aussi des passages délicats comme "l'ascenseur", qui nécessite une petite escalade. On arrive tout de même au camp. On installe notre tente deux places. Il y a une autre tente a coté : celle du guide, Rommel et d'un autre voyageur, Tom, australien. On avale un déjeuner, avec pâtes et maté (avec feuilles de coca) et nous prenons un peu de repos avant d'aller découvrir ce glacier qui doit nous ouvrir les portes du Vallunaraju. Le glacier est a 5min du camp, selon le guide. Après 20min de marche et d'escalade, on le découvre enfin! Il monte jusqu'au sommet qu'on ne peut pas voir d'ici. Pour grimper dessus, il faudra escalader la paroi sur 5m environ, a l'endroit le plus facile. La paroi quasi verticale fait plus de trente mètres par endroit... Bref on rentre au camp, enthousiaste pour le lendemain.
La première nuit a cette altitude est plutôt froide et humide. Le manque d'oxygène, malgré les comprimés et le maté, nous empêche de dormir normalement. On doit se tenir prêt quand même, car si le temps est au beau, le guide doit nous réveiller a 2h du matin, pour partir a l'escalade du sommet. Finalement on se réveille a 8h environ, dans une tente surchauffée par le soleil. Le temps n'était pas suffisamment beau pour tenter l'escalade... On profite donc de la journée pour s'habituer aux piolets et aux crampons. Encordés, nous partons tous les quatre sur le glacier par l'endroit le plus facile. La marche sur le glacier est difficile car la neige fraîche cache les crevasses. Il faut donc avancer prudemment, en gardant les distances entre nous pour que la corde soit suffisamment étendue (si quelqu'un tombe, il faut qu'il soit retenu de suite et qu'il ne prenne pas de vitesse, sinon c'est la chute quasi assurée pour toute la cordée...). On monte a environ 5100m d'altitude ! On se rapproche de la paroi afin de s'exercer a l'escalade sur glace. Le guide nous assure et on descend chacun notre tour la paroi de trente mètres, avec piolets et crampons. Il faut toujours garder au moins trois points d'appui: deux piolets et un pied, ou deux pieds et un piolet... Après cet apprentissage nous redescendons, espérant du beau temps dans la nuit afin de porter nos noms en haut du sommet...
Le 7 janvier, on doit donc partir pour le sommet a deux heures du matin, puis redescendre dans la foulée a Huaraz. Le 6 au soir, les nuages sont déjà sur notre campement. Nous sommes au milieu sans grande visibilité. Nous espérons que ça se dégage... Il fait plus froid que le soir précédent. On ressent toujours les effets de l'altitude. C'est un peu comme après avoir couru, ou nagé, on a du mal a récupérer et a respirer. Et bien a notre campement, c'est a peu près tout le temps comme ça... Le mal de tête nous gagne régulièrement et dormir est difficile. Par contre on n'a pas perdu l'appétit! Des 6h du soir on s'enfonce dans notre tente, plein d'espoirs et d'appréhension. La nuit commence doucement, mais très rapidement la neige se met a tomber. Elle tombera jusqu'à trois, quatre du matin, sans discontinuer. On avait beau être prêt, le pantalon anti-neige pour dormir, le bonnet, les lunettes de soleil, la lampe frontale, les crampons et les bottes a portée de mains, le départ n'aura pas lieu... Le lever est difficile, au milieu de la neige. Il faut rentrer le plus vite possible, les nuages sont encore la, menaçants. La descente sera plus difficile que la montée, nous prévient notre guide. La neige a rendu le sentier boueux et glissant... On avale donc un maté et plions rapidement bagage. La descente s'amorce des 8h. Et nous sommes de retour a Huaraz vers 11h30, fatigués, boueux et déçus de ne pas avoir pu atteindre le sommet.
La saison des pluies a déja débutée ici, et il faut de la chance pour avoir le temps suffisant pour s'aventurer en montagnes. On décide donc de ne pas retenter l'expérience. Sur ce on va se décrasser a la piscine thermale de Monterrey, a quelques kilometres de la, en compagnie de l'australien. Des ce soir nous partons pour Trujillo, ou ses plages nous attendent...